22 juin 2009

"Gilad est toujours en vie!"


C'est un triste anniversaire qui se prépare jeudi.

Il y a trois ans, le Hamas kidnappait Gilad Shalit, à quelques jours à peine du début de la seconde guerre du Liban... et voilà cette date du 25 juin qui revient, comme un rappel d'un échec collectif. Entre temps, les stickers, les drapeaux, les rubans jaunes, les graffitis, sont apparus partout. Pas une rue de Jérusalem n'est laissée sans un rappel que Gilad est absent, prisonnier dans Gaza, à quelques dizaines kilomètres à peine de nous.

Sur le raid meurtrier en territoire israélien, sur les négociations avortées qui ont suivi, sur les demandes et les réponses incohérentes, tout a été dit. Trois ans d'attente insoutenable ont passé pour la famille. Trois ans sans aucun contact, sans visite de la Croix-Rouge, avec comme seule preuve de vie un enregistrement vieux de 2 ans. L'épilogue tragique des négociations avec le Hezbollah l'an dernier est encore dans tous les esprits, et marque l'atmosphère qui entoure les négociations avec le Hamas.


Le dilemme moral reste entier.

Faut-il plier? Échanger un soldat contre des centaines de prisonniers? N'est-ce pas alors encourager les milices palestiniennes à plus de kidnappings? Et que dirons-nous aux proches si, comme ce fût déja le cas dans le passé, un de ces prisonniers fraîchement relaché s'empresse d'exploser dans un supermarché? Doit-on pour sauver un seul mettre en danger la vie de tous? Comment justifier aux familles des victimes des attentats de libérer soudain ceux qui ont assassiné leurs enfants?

Ces enfants, c'est moi. C'est mon voisin, c'est un copain en retard pour un cours qui monte dans le bus, une passante qui fait ses courses, deux amoureux sur une terrasse...

Doit-on abandonner ce soldat sur le terrain, au mépris du contrat tacite entre l'armée et la société qu'elle défend? Laisser croupir dans Gaza un garçon de 22 ans et s'efforcer de l'oublier? Un soldat que nous avons envoyé défendre les localités autour de la frontière? Qui est, comme le dit le sticker au-dessus, "toujours en vie"? Faut-il se résoudre à accepter qu'on puisse, de fait, en terrain israélien enlever un soldat, puis un civil?

Ce soldat aussi c'est moi! C'est un copain qui finit son service militaire, un autre qui est rappelé pour un mois de réserve, une étudiante de ma fac, le serveur du café du coin, le fils de la voisine...

Peut-on tenter de forcer la main du Hamas par un siège complet de Gaza? Faudrait-il couper l'eau, l'électricité, le téléphone, le gaz? Bloquer les convois humanitaires, isoler de tout contact les prisonniers palestiniens en Israel? Où est notre sens éthique de base, s'il s'agit de punir collectivement une population déjà éxangue? La dernière guerre de Gaza porte cet enseignement crucial: nous ne pouvons pas penser que la population qui ne s'est pas en janvier retournée contre le Hamas le fasse maintenant.

Alors que faire?

Un choix. Notre intégrité morale en sera compromise quel qu'il soit. Pour ceux qui sont en Israël, la famille Shalit appelle au rassemblement à Tel Aviv jeudi à 19 heures.


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