19 juil. 2009

"Sous les pavés, la plage?"


Ce pays est un endroit de contrastes qui n'en deviennent que plus frappants lorsque l'atmosphère s'échauffe. La semaine dernière a vu les rues de Jérusalem devenir chaque soir le terrain d'affrontements très violents entre la police, l'armée et les Haredim (population ultra-orthodoxe des quartiers de Mea Shearim et Geula).

Une photo du journal Yedioth Ahronoth (je ne m'y suis pas risquée!)

Comme tous les quelques mois, dans un glorieux rituel pyromaniaque, un euphorisant feu de joie, ils protestaient. Cette semaine, contre l'arrestation d'une mère neurotique affamant son garçonnet, il y a un mois contre l'ouverture d'un parking municipal durant shabbat, et quelques semaines auparavant contre l'abomination de la Gay Pride - horreur, des filles, des garçons, et même des indécis paradant dans les allées bénites de la ville trois fois sainte!

Ils deviennent de plus en plus efficaces, d'ailleurs! En une nuit toutes les poubelles du quartier de Mea Shearim ont brulé d'un aveuglant feu divin. Il a fallu s'en prendre à coups de pavés, fautes de décharges restantes, jeunes et moins jeunes, de 7 à 77 ans pour ainsi dire, aux bâtiments publics, aux bus, à tout signe de cette municipalité mécréante, qui ose - quel comble! - prétendre que la loi s'applique a tous.

Pour tous du coup, le consensus était vendredi d'échapper enfin à cette ambiance fort tendue et de profiter de la plage avant Shabbat. Aux aurores, nous avons donc rejoint avec Nic et Adi nos khanikhim¹ du dernier cours de Magen David Adom² sur le sable brulant de Tel Aviv. Ces deux villes sont tellement emblématiques de deux mondes aussi différents que liés que les 40 courtes minutes du trajet semblent irréalistes.


On se croirait arrivé dans une ville dessinée par Bilal un jour heureux. Une sorte de mélange absurde de Manhattan-Sarajevo en passant par Berlin, sous le soleil de l'orient. Dès la descente du bus, l'humidité nous suffoque, la chaleur est moite, mais la lumière est aussi plus vive, l'humeur soudain évidemment plus détendue, plus rieuse, plus dynamique. Les passantes, avec une robe 10 cm plus courte qu'à Jerusalem, s'enduisent de Monoï sur le chemin de la mer où l'activité unique de la journée consiste à scruter l'horizon en attendant le marchand de glaces ambulant.

Et pourtant, les choses changent vite! Déja quand vers 17 heures j'arrive enfin de retour à Jérusalem dans les environs du nouvel appart sur la rue Shamai, c'est pour me trouver dans une marée humaine très jeune et branchée qui danse sur une musique électro, un vendredi après-midi. La pression religieuse semble loin, très très loin... J'en oublie du coup que shabbat arrive, que les transports s'arrêtent et je rate le dernier bus pour Gilo.

1. "khanikh" - Le khanikh est à la fois un élève, un apprenti, une recrue ou plutôt un membre d'une colonie de vacances. Le terme en hébreu se réfère au verbe "lekhanekh", ou éduquer, tout simplement! Pour les linguistes en herbe, le "kh" est guttural et se prononce ici comme le "ch" sur mot "ach" en Allemand.
2. Magen David Adom - La branche israélienne de la Croix Rouge Internationale. J'y suis volontaire depuis 2007, pour plus de détails, cliquez ici!

1 commentaire:

Justin a dit…

Quand j'viendrai te voir je commande d'avance un concert de plage!!